Lettre d'un détenu...: Il pleut

Lettre d'un détenu.....
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- Rien de plus beau que des yeux qui écoutent...
- Ô toi, proche intime, ami, inconnu ou passant d'un jour qui lire mes mots avec les yeux, écoute leur musique. Ose lire ce qui n'est pas écrit. Ose.
- Il pleut.L
- Deux mots banals. Pourtant si j'ajoute que cette pluie me martèle la tête, m'empêche de penser, me remémorent des faits passés, tout à coup ces mots t'interpellent et tu te dis: pourquoi écrit-il "il pleut".
- Il pleut.
- Deux mots bêtes, souvent dits d'une voix neutre qui pourtant peuvent gâcher tes vacances, souvent méritées parfois volées.
- Cette fois, c'est moi qui m'en moque  comme de ma première barboteuse (en ai-je seulement eu une!?). Que m'importe. Les 70 cm2 de la cellule qui s'ouvrent sur l'horizon, la-dite cellule dans laquelle je me morfonds, ne me permettent pas d'apprécier les bienfaits ou les méfaits du temps.
- Avoue! Tu n'avais pas pensé à cela. La pluie t'ennuie? Moi! Je regarde tomber cette pluie comme les vaches regardent passer les trains. Le regard vide.
- Toi tu tempestes contre l'orage qui pourrait anéantir ta récolte; ou toi cette pluie te rend maussade; ou toi de très mauvaise humeur parce que, avec ta fiancée (même) d'un jour), tu ne pourras te rouler dans l'herbe pour des galipettes prévues; ou toi belle fardée qui craindra pour tes cheveux faussement ondulés.
- Mais toi ou toi ou encore toi, tu pourras toujours te réfugier dans un bistrot; parfois ironiquement appelé le salon du pauvre; pour te réchauffer ou trouver un peu de convivialité.
- Mais moi!?
- Moi je ne peux que regarder cette pluie tomber qui t'ennuie. Le plus drôle c'est que c'est la même pluie qui toi t'exaspère moi m'indiffère et que d'un oeil distrait je regarde avec une pensée d'évasion....
- Ô toi proche intime, ami, inconnu ou passant d'un jour, quand tu diras ou écriras: "Il pleut" ... s'il te plait... PENSE A MOI.